La grande et triste erreur de quelques-uns, c'est de s'imaginer que ceux que la mort emporte nous quittent : ils ne nous quittent pas, ils restent.
Où sont-ils ? Dans l'ombre ? oh non, c'est nous qui sommes dans l'ombre.
Eux, sont à côté de nous, sous le voile, plus présents que jamais.
Nous ne les voyons pas, parce que le nuage obscur nous
enveloppe, mais eux
nous voient.
Ils tiennent leurs beaux yeux pleins de lumière arrêtés sur nos yeux pleins de larmes.
Ô consolation ineffable, les morts sont des invisibles, non des absents.
J'ai souvent pensé à ce qui pourrait le mieux consoler ceux qui pleurent. Voici : c'est la foi en cette présence réelle et ininterrompue de nos morts chéris ; c'est l'intuition claire, pénétrante, que, par la mort, ils ne sont ni éteints, ni éloignés, ni même absents, mais vivants près de nous, heureux, transfigurés, et n'ayant perdu, dans ce changement glorieux, ni une délicatesse de leur âme, ni une tendresse de leur cœur, ni une préférence de leur amour, mais ayant au contraire, dans ces profonds et doux sentiments, grandi de cent coudées.
La mort, pour les bons, est la montée éblouissante dans la lumière, dans la puissance et dans l'amour.
Ceux qui, jusque-là, n'étaient que des êtres ordinaires deviennent parfaits; ceux qui n'étaient pas beaux deviennent bons; ceux qui étaient bons deviennent parfaits.
Monseigneur Bougeaud
évêque d'Angers